Les auteurs nous assurent que « les Dieux demeurent sur les montagnes ». Nous n’en avons jamais douté. Nos Pyrénées ne font pas exception à toutes les montagnes du monde « dont les sommets ne soient habités par un panthéon de divinités » (1).
Géants, génies déchus, diables et démons, dragons et serpents, païens ou sorciers ne peuvent être contrebalancés par les esprits familiers ou les saints successeurs des Dieux. Il faut découvrir ce monde pyrénéen où l’altitude est sacrée, où les sommets des pics neigeux doivent rester inviolés par crainte d’un sort collectif funeste jeté sur toute la vallée. En ce temps-là, Abellion, le dieu-Soleil, illuminait l’azur « transformé en voûte céleste par le christianisme qui en fera le manteau bleu de la Vierge bigourdane ». Et de se demander, très justement, si nous connaissions le dernier avatar des déesses mères d’origine ?
Peut-être pas. Affirmer que la montagne est le lieu de rencontre des dieux et des hommes parait une évidence si l’on ne veut pas passer pour un iconoclaste. Mais où se trouvent-ils ?
Au sommet du Canigou, nous affirme Pierre III d’Aragon, depuis le XIIIe siècle. En Béarn, au pic du Midi d’Ossau, certifie le seigneur de Foix-Candale, en 1581. Au pic d’Anie ou Ahunamendi écrit le savant dacquois Charles de Borda. Au Mont Perdu, racontent les habitants des vallées de Barèges qui virent Ramond de Carbonières faire pacte avec le Diable, à la fin du XVIIIe siècle. Des preuves de toutes ces affirmations ?
Le pâtre légendaire Millaris qui illustre le mythe des apparitions, de la Catalogne à l’Euskadi et la « Croutz de Béliou », au-dessus de sa tombe, dans la vallée de Lesponne, dans les Hautes-Pyrénées, Baïgorrix, dieu des sources, retrouvé en 1897 aux sources béarnaises de Lurbe-Saint-Christau, le masque de bronze du dieu Ergé découvert sur le mont Marteau, dans les Hautes-Pyrénées, l’autel votif au dieu Abellion dans l’église de Saint-Aventin, dans la Haute-Garonne, la pierre d’Oô, au musée des Augustins, qui pourrait illustrer la légende de la belle Pyrène séduite par le puissant Hercule. Pas encore convaincus ?
Alors il faut vous pencher sur les récits de la mythologie pyrénéenne. La légende des Jentils - païens - d’Euskadi qui agissent depuis le col d’Argaintxabaleta, de Mari, déesse suprême des Basques, qui commande à la pluie, à l’orage, à la foudre et la grêle, de Roland, fier-à-bras des Pyrénées, successeur d’Hercule, de Tantugou, géant sylvain du pays luchonnais, de Basa Jaun, des forêts de Haute-Soule et de sa compagne Basa Andere, de Yauna Gorri - seigneur rouge - dans les vallées d’Aspe et de Barétous, des « Peyras deras Hadas », au-dessus d’Argelès-Gazost, habitées par la Dauna du Balandraou, des sept frères de Setcases qui vivent sur les hauteurs du Pla dels Hospitalets. Comme dit le paysan du Couserans « Ici, on ne croit pas, on craint ». Magnifiquement illustré, cet ouvrage érudit est un trésor de notre mémoire collective.
(1) « Panthéon Pyrénéen » - Olivier de Marliave - Illustrations de Jean-Claude Pertuzé - Editions Loubatières, à Toulouse - octobre 1990.
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